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Témoignage de Jean Claude PILLON :
Bonjour Georges
Cette photo de l’hôtel Transat à Colomb Béchar dans ton envoi “Oranie 12” me ramène 60 ans en arrière !
C’était en 51 ou peut-être 50 mais pas plus tôt. Avec des amis collègues de mon père aux Verreries de l’Afrique du Nord, (VAN) nous avions décidé de visiter le pays et de descendre à Colomb Béchar. avec 2 traction avant Citroën, sans trop savoir ce qu’étaient les pistes – car à l’époque il n’y avait pas de routes goudronnées.- Quand je regarde une carte aujourd’hui, je n’arrive pas à comprendre par où nous sommes passés. Je me souviens seulement que nous sommes passés par un point d’eau: une énorme citerne au beau milieu de l’erg et que nous sommes ensablés quelques centaines de mètres après l’avoir passé. Désensablés avec l’aide de la seconde voiture arrêtée à temps, nous sommes revenus au point d’eau pour demander notre chemin aux indigènes qui s’approvisionnaient. Un gamin d’une dizaine d’années qui parlait français nous a dit d’un air narquois “ tu sais pas lire “ en nous montrant un panneau qui en fait, tel une girouette au gré du vent indiquait un changement de direction à 90° ( quand le vent est dans le bon sens !)
Et nous voici repartis... Un peu plus tard nous sommes intrigués par un nuage de sable qui semble se rapprocher de nous pour nous couper la route, il s’agit d’un véhicule tout terrain dont nous ne pouvons déterminer l’origine tant qu’il ne nous a pas arrêtés. Il s’agit d’un véhicule des douanes qui s’étonne de notre présence, nous signale que nous sommes passés plusieurs fois en territoire marocain et que nous n’avons rien à faire sur cette piste qui n’est plus utilisés depuis qu’il en existe une autre, quelques km plus à l’est qui a été créée pour passer par le monument à la mémoire du général Leclerc proche du lieu de l’accident d’avion qui lui a couté la vie.
Notre bonne foi n’étant pas mise en doute, nous sommes autorisés à continuer en sachant que nous avons perdu un précieux temps.
Nous arriverons à Béchar à la lueur des phares au moment du lever de lune.
Nous avons passé la nuit à l’hôtel Transat et pour la première fois nous avons vu sur la terrasse le système “bio” de fabrication de l’eau chaude: des serpentins sous des vitres pour accumuler la chaleur du soleil et économiser l’énergie des chaudières.
Le lendemain nous partions pour Taghit, un fortin militaire situé au pied du grand erg à une centaine de km au sud. A la limite du territoire de Béchar un petit poste militaire avec une barrière symbolique barrait la piste et nous avons du nous enregistrer, identité des passagers et indiquer où nous allions, si nous avions des provisions (eau en particulier) et quand pensions nous être de retour. Nous étions informés également que les recherches seraient entreprises si nous dépassions de 48 h les délais prévus.
Le voyage du retour fut beaucoup moins mouvementé et nous avions amélioré nos connaissances du bled.
Je devais avoir pour ma part une bonne douzaine d’année. C’était notre premier périple vers le Sud.
Jean Claude Pillon
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